Édito No 9 (avril 2003)

La pédophilie et nous

par Bernard Giossi

La sensation de renaissance qui accompagne ce printemps est très compromise par l’aveuglement des représentants élus de nos sociétés occidentales. Qu’ils veuillent la guerre ou la paix, tous prétendent savoir ce qui est bien pour les Hommes, ce qui est bon pour notre sécurité et pour notre avenir. Or, il se trouve qu’ils sont impuissants à saisir la vie et sa grandeur puisqu’ils sont enfermés dans leur volonté de conserver à leur profit le pouvoir et ses privilèges.

Les leaders – à tous les niveaux de la société – ont certes à jouer un rôle social, politique et économique pour lequel ils ont été élus ou distingués. Mais avant d’être des rôles, ils sont avant tout des êtres humains. S’en rendent-ils compte ? En tant qu’humains qui acceptent un rôle, ils deviennent de fait — bien qu’inconsciemment — les représentants des problématiques collectives de ceux qui les ont choisis et sont, dès lors, en charge de la responsabilité non pas de les solutionner momentanément mais de les résoudre. Chaque parent a cette responsabilité devant ses enfants, chaque adulte a cette responsabilité devant les générations présentes et à venir.

Les causes de la pédophilies font partie des souffrances d’enfance dont la guerre est un rejouement extrême. Que ce soit par indifférence devant les représentations dépréciantes, perverses et manipulatrices de l’être humain (pages 4 et 5), par refus de prendre en compte les données historiques disponibles (page 3) ou par peur de faire le lien entre les origines de ce dont nous souffrons et ses conséquences (pages 5 et 7), nous entretenons les conditions nécessaires à la perpétuation des maltraitances faites aux enfants et leurs conséquences inexorables. Si certaines bases des rejouements sont communes à tous les humains, les conditions géographiques et donc historiques créent des spécificités propres à un peuple qui peuvent devenir, si elles ne sont pas mises à jour, un empêchement très résistant à la résolution des problématiques collectives et familiales (page 6).

Mettre à jour et résoudre les souffrances intimes comme publiques nécessite de se reconnaître une volonté et un engagement envers la vie qui ne s’accommode ni de consensus, ni de compromissions. Le vécu traumatisant des victimes de violences, ainsi que le ou les auteurs de ces dernières, ont une histoire dont il faut réaliser le sens. Il me semble déterminant que les personnes se sentant concernées par la résolution de ces souffrances en prennent pleinement conscience. À cette condition, l’écoute offerte aux êtres en souffrance permettra de faire sortir de l’ombre leur histoire, celles de leur lignée et de leur communauté. Faute de cet élan de prendre à bras le corps les problématiques de chacun, sans se fixer sur un bouc émissaire pour s’exonérer soi-même, nous ne pourrons faire cesser les actes de pédocriminalité non plus que les guerres (page 8).

Que cette lecture vous soit nourrissante !

B.G.


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