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Les mesures de rationalisation des soins mises œuvre par le ministère français de la Santé, ont des effets désastreux sur les conditions d'accouchement en milieu hospitalier. La fermeture des petites maternités et leur regroupement au sein de structures plus importantes &endash; véritables «usines à bébés» - s'accompagnent d'une pénurie aiguë de personnel et de moyens. En Île-de-France, 35 chefs de service ont annoncé récemment à leur ministre Jean-François Mattéi qu'ils démissionneraient de leur poste à la fin février si rien n'était entrepris pour améliorer une situation jugée alarmante (1). Paradoxalement, cette crise éclate à l'heure où la communauté médicale se targue de maîtriser la plupart des techniques de reproduction assistée. Après avoir investi le processus de l'enfantement au point d'interdire pratiquement toute alternative à une naissance médicalisée, cette corporation, qui détient pourtant un pouvoir considérable, semble incapable de tenir ses promesses. Elle serait même à la merci d'une politique budgétaire irresponsable. Ce numéro de Regard conscient consacré à la naissance montre comment les acteurs de ce drame interagissent et reproduisent les souffrances de l'enfantement au détriment des nouvelles générations. Les spécialistes en obstétrique ont une histoire &endash; personnelle et collective &endash; qui les prédispose au rôle que les couples attendent d'eux (page 6). De leur côté, les femmes confient à l'accoucheur le soin de soulager leurs angoisses et l'autorisent ainsi à prendre un pouvoir sur la vie, avec pour conséquence inquiétante la perte du savoir accoucher par voies naturelles dans les pays occidentalisés où les accouchements par césarienne se multiplient. Il n'est jusqu'au récent débat sur le clonage qui n'élude la recherche des causes réelles de la stérilité dans le passé psycho-générationnel des familles (page 2). Depuis des siècles, le désir d'enfant est saisi par nos problèmes relationnels. L'être qui naît d'un tel désir est chargé d'un destin douloureux, que seule une écoute attentive pourrait dénouer (page 3). Au lieu de celle-ci, l'homme moderne s'enferme dans la compensation de ses souffrances et s'entoure d'objets matériels. Tous les produits de consommation sont conçus par les spécialistes du marketing pour exploiter la mémoire de nos souffrances d'enfant et nous détourner de nos besoins réels (page 7). Pourtant, l'enfant est dépositaire d'une démarche libératrice. Son comportement est révélateur de l'état émotionnel de sa mère notamment pendant l'accouchement, et ceci jusqu'à ce qu'une prise de conscience puisse l'en délivrer (page 4). Il ne tient qu'aux adultes d'accueillir cette empreinte et de ne pas enfermer l'enfant dans le miroir qu'il leur tend. Ainsi, en mettant à jour les enjeux que représentent nos relations quotidiennes nous pouvons comprendre les dynamiques collectives. De même, notre histoire personnelle n'est pas une chambre close. À travers l'écoute de nos sentiments et la confiance d'avoir en soi un guide infaillible, la vie nous conduit à découvrir un monde intérieur révélateur de notre impressionnante conscience. Marc-André Cotton (Prochaine parution: avril 2002)
(1) Brigitte Rossigneux, Des accouchements dans la douleur, Le Canard enchaîné, 18.1.02.
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