Résumé : Au fil de ses quelque cinquante ans d’existence, l’International psychohistorical association** (IPhA) a développé une riche tradition académique et posé les bases d’une approche novatrice en sciences sociales. Nouvellement élu à sa présidence, l’auteur partage quelques réflexions sur ses intentions et les perspectives qu’il envisage pour cette société de chercheurs.
Tandis que je prends mes fonctions de nouveau président de l’IPhA, j’aimerais partager quelques réflexions sur mes intentions et les perspectives que j’envisage pour notre association. Au fil de ses quelque cinquante ans d’existence, cette société de chercheurs a développé une riche tradition académique et posé les bases d’une nouvelle approche en sciences sociales. Je souhaite de tout cœur m’inscrire dans la continuité des recherches menées par ses fondateurs dont j’estime le travail et salue le dévouement.
De nombreuses disciplines ont désormais confirmé l’importance de l’enfance dans le développement d’une personnalité. Je pense entre autres à la psychologie du développement et aux découvertes des neurosciences affectives. Ces avancées scientifiques peuvent nous donner confiance dans la spécificité de notre discipline pour l’étude des dynamiques sociales résultant de l’exposition collective aux expériences négatives de l’enfance.
En psychohistoire, nous prenons acte que ces dynamiques s’inscrivent dans leurs contextes historiques, jusque dans nos entreprises et nos institutions. Qu’elles donnent formes à notre époque et que nous luttons pour les transformer ou les préserver parfois farouchement. La psychohistoire explore les interactions entre les organisations, les institutions et leurs contextes historiques, qui ont toutes leurs dynamiques propres d’une part, et les changements que nous apportons par nos engagements dans ce monde, au fil de nos existences, d’autre part. Notre discipline est en effet très riche !
Dans le cadre de notre association, je souhaite favoriser l’accès à d’autres recherches dans un esprit d’ouverture et de collaboration. La psychohistoire est pour moi une discipline où se conjuguent de multiples perspectives avec, en son centre, l’être humain et ses motivations. Nous comprenons que si nous ne nous engageons pas à résoudre nos douloureux héritages, l’Histoire a tendance à se répéter par le cruel processus de remise en scène des traumatismes non résolus. De mon point de vue, cette compréhension devrait donner un sens à nos actions.
Pour ce qui concerne l’IPhA, j’aime la métaphore d’une grande tente accueillante sous laquelle nous pouvons échanger, communiquer et développer une complicité professionnelle dans le respect et l’ouverture. Nous pouvons avoir des points de vue différents, et ce n’est pas grave ! Il nous appartient cependant de respecter les contributions des uns et des autres.
L’IPhA est également une organisation à but non lucratif. Ses membres sont des bénévoles dévoués qui consacrent leur temps et leur énergie sans rien attendre en retour. Je ferai de mon mieux pour reconnaître l’enthousiasme et la participation de tous à cette entreprise, et souhaite que chacun se sente apprécié pour sa contribution à la compréhension collective et au développement scientifique.
Plus que jamais, sachant les drames que nous rapportent quotidiennement nos médias et les tragiques guerres en cours, la psychohistoire a un rôle crucial à jouer. C’est une science humaine explicative et nous pouvons, à notre petite échelle, contribuer à l’avènement d’un monde plus pacifique où nos enfants seront accueillis avec plus de bienveillance dans toutes les dimensions de leur être.
Merci de votre participation à ce précieux projet !
Marc-André Cotton*, président de l’IPhA
*Marc-André Cotton, MA, est un chercheur indépendant formé à la psychohistoire depuis 2000. Il est le co-fondateur et actuel éditeur du site Regard conscient, qui s’attache à dévoiler les conséquences de la violence ordinaire dans l’éducation des enfants. Marc-André Cotton est titulaire d’un diplôme d’études supérieures en économie et géographie de l’Université de Genève et a enseigné les sciences humaines pendant trente-cinq ans. Il est actuellement formateur, donne des conférences à l’international et anime des stages autour de la parentalité et du travail sur soi. Vice-président international de l’IPhA entre 2014 et 2024, membre international du Forum de psychohistoire, il est l’auteur de Au nom du père, les années Bush et l’héritage de la violence éducative, paru en 2014 aux éditions L’Instant présent, Paris.
**L’Association internationale de psychohistoire (IPhA) a été fondée en 1977 par Lloyd de Mause, Paul Elovitz, David Beisel, Henry Lawton et d’autres. Ses objectifs fondamentaux sont de faire progresser l’étude et l’enseignement de la psychohistoire. Ses membres proviennent de nombreux domaines : histoire, psychanalyse, art, droit, religion, éducation, psychologie, travail social, affaires, anthropologie, sciences politiques, sociologie, cinéma, psychiatrie, littérature, thérapie familiale, journalisme, et bien d’autres encore. Leur niveau d’études est tout aussi variable, allant du doctorat et du doctorat en médecine aux étudiants du secondaire. La convention annuelle de l’IPhA attire des universitaires et des étudiants des États-Unis, d’Europe et d’autres régions du monde.
La psychohistoire
Si l’on en croit les recherches des psychohistoriens, l’enfance est une période déterminante dans la construction d’une personnalité ; elle explique le destin de nombre de sociétés et de civilisations. De ce fait, elle doit être prise au sérieux.
(09/2017)