> Accueil

> Rechercher

> Télécharger

>  

 

> Revue Regard
> conscient

> Copyrights



Le dedans et le dehors

par Bernard Giossi

Cet article est paru dans la revue Regard conscient No 15 (avril 2004)


Résumé : L’être humain naît avec les facultés permettant la reconnaissance et l’exercice de la conscience. L’usage de la parole, à des fins de compensation et de pouvoir, provoque des dissonances destructrices dont nous sommes réduits à gérer les conséquences.


Au commencement, dit-on, était le Verbe. Les cultures religieuses se Le sont approprié, sous une forme ou une autre. Alors pourquoi aucune d’entre elles ne reconnaît-elle la parole à sa juste valeur ? En effet, si l’origine de la vie est la plupart du temps perçue, puis transmise, comme découlant d’une parole créatrice, la parole de l’homme, elle, n’est pas reconnue comme créatrice, vivante et donc, à l’origine, consciente. La parole est l’expression d’une conscience active des êtres humains. Elle témoigne de notre sensibilité et de notre capacité à entrer en relation consciemment. Il est alors important de réaliser que la parole issue de cette conscience incarnée n’a pas pour objet de communiquer* la névrose, de régenter ou de discuter, mais de nommer et de partager le senti de l’être. Ceci afin de réaliser notre nature consciente et donc, en l’état, de résoudre nos problématiques. La parole est l’outil privilégié dont nous disposons pour réfléchir notre conscience et devenir libre des conséquences de sa torsion.

*Communiquer
L’origine du mot, qui donna aussi « communier », avait le sens de « partager » et évoquait l’ouverture, la communauté. Il pris le sens de « transmettre », puis de « propager ». Son évolution témoigne de la réduction et de la prise de pouvoir effectuées sur la parole en lui imposant une intention, une direction et une action sur l’autre... jusqu’à devenir la propagande privée ou publique que nous connaissons aujourd’hui.


Permanence de la conscience

Toute la vie est mouvement et vibration: le son, les couleurs, la lumière, mais aussi toute la matière. Il n’y a rien qui soit figé ou fixe. Tout ce qui existe est en interaction vibratoire et magnétique. Tout ce qui existe est en interaction constante et instantanée. Tout ce qui existe procède d’un principe premier: la conscience. Eugène Wigner, physicien quantique, déclarait en 1961 : « Les physiciens ont découvert qu’il est impossible de donner une description satisfaisante des phénomènes atomiques sans faire référence à la conscience » (1). Les mêmes « idéalistes quantiques » en ont conclu, en substance, que la matière est potentiellement dans tous les états possibles en même temps, c’est la conscience qui fixe le moment de réalité définie.

Ainsi, si même certains physiciens de pointe reconnaissent l’existence d’une conscience, pourquoi le regard des hommes sur eux-mêmes ne change-t-il pas ? La cause en est dans la terreur de reconnaître le mortel aveuglement des adultes - et en premier lieu des parents - et de saisir notre propre responsabilité comme un cadeau de la vie. En effet, l’humain naît naturellement parfait, conscient et doté des facultés permettant la reconnaissance et l’exercice de la conscience.


Disharmonie et structure

Dès lors, l’usage de la parole pour compenser nos frustrations, pour refouler nos souffrances, et son exploitation à des fins de profits, de manipulation et de Pouvoir, créent immanquablement des distorsions graves dans l’ensemble des résonances naturelles. Les êtres qui ne vibrent plus en harmonie avec la conscience se désaccordent intérieurement – leurs projections faisant le terrain des maladies physiques et psychiques – et extérieurement – leurs interprétations sur l’ensemble des phénomènes de la vie engendrant toutes sortes de pollutions.

La complexification d’un langage axé sur l’élaboration de la structure intellectuelle et l’exploitation de cette dissonance fait résolument obstacle à la réalisation de la conscience. Comme l’industriel développe une structure d’exploitation des capacités humaines au profit du Pouvoir, l’intellectuel développe une structure d’interprétation de la réalité qui fait de lui un artisan de l’ignorance.


La simplicité de nommer

Les hommes sont choqués par leurs remises en scène et effrayés par leurs passages à l’acte. Plutôt que de saisir la logique qui les mène à rejouer, ils tentent de maîtriser une phase importante du processus de libération: le rejouement lui-même. Ensuite, ils essayent d’humaniser ce dernier en s’imposant des règles de conduite. Dans ce mouvement qui contredit l’élan salvateur, ils projettent hors d’eux leur véritable nature (amour, présence et conscience). Dès lors, l’authentique parole de l’homme devient celle d’une entité appelée Dieu. Cependant la parole est créée au plus intime de nous-mêmes, sa puissance et sa forme, sa qualité vibratoire et ses effets témoignent de notre état de conscience.

Le bébé qui n’est pas accueilli, écouté et protégé souffre, pleure et crie. Là où sa parole devrait être l’expression de l’harmonie, elle devient douloureuse, paniquée et désespérée. Les conséquences sur son développement sont dramatiques et nous les connaissons: maladies, symptômes divers, mort. Pourtant nous en nions les causes. Lorsqu’une mère est heureuse avec son enfant et lui parle, il est heureux avec sa mère et lui parle, elle l’écoute et il crée sa parole. Cette parole nomme la conscience et la réalise... C’est simplement vivant et humain, et tous les êtres humains disposent de cette faculté puisqu’elle leur est naturelle.

Bernard Giossi

© B. Giossi – 04.2004 / www.regardconscient.net