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Sionisme : les conditions
d’une apocalypse en Palestine

par Marc-André Cotton

Cet article est paru dans la revue Regard conscient No 17 (août 2004)

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Résumé : En projetant sur l’avenir des terreurs d’anéantissement issues de leur passé refoulé, les sionistes participent à créer les conditions d’une apocalypse au Proche-Orient. Ils confient à leur hiérarchie politique le rôle de conduire le rejouement de leurs souffrances, au mépris de ceux qu’ils prennent comme supports de leur problématique non résolue.


Les voix juives qui analysent les responsabilités d’Israël dans l’échec du processus de paix au Proche-Orient sont peu nombreuses et, aujourd’hui, violemment décriées par leurs coreligionnaires. L’historien juif new-yorkais Tony Judt, par exemple, a récemment affirmé que la politique israélienne actuelle était non seulement anachronique mais « dangereuse pour les Juifs » et que la seule solution au conflit israélo-palestinien résidait dans la création d’un État binational sur le territoire de la Palestine, impliquant donc la fin du sionisme et la disparition d’Israël en tant qu’État juif. Cette analyse a valu à son auteur une virulente campagne de dénigrement et un millier de lettres courroucées, le traitant d’« antisémite » ou de « Juif honteux » (1).

Face à elles, d’autres voix plus insistantes soutiennent l’idée d’un « transfert » définitif de la population arabe de Palestine ou tout au moins son confinement dans l’enceinte du « mur de sécurité » dont la construction se poursuit actuellement dans les Territoires occupés (2). Récemment, l’historien israélien Benny Morris, longtemps considéré comme critique à l’égard de l’entreprise sioniste, a même justifié le nettoyage ethnique perpétré par la Haganah (3) à l’encontre des Palestiniens et affirmé que David Ben Gourion avait commis l’« erreur historique » de ne pas épurer le pays dans son entier. « Si l’Histoire doit un jour mal finir pour les Juifs, avance-t-il désormais, ce sera à cause d’un Ben Gourion qui n’a pas parachevé le transfert [de la population palestinienne] en 1948 et a maintenu une réserve démographique [arabe] en Cisjordanie, à Gaza et en Galilée. » (4)

Quand une conjoncture semble inexorablement portée vers la déflagration – M. Morris lui-même qualifie le projet sioniste d’« apocalyptique » –, il paraît d’autant plus impératif de mettre au jour les mécanismes inconscients qui déterminent une telle orientation. Quelles fidélités meurtrières enchaînent la jeunesse israélienne aux injonctions de ses aînés et la poussent à remettre en scène , avec les Arabes, les grandes lignes d’un héritage collectif non résolu plutôt que de s’en libérer ? Et pourquoi la hiérarchie juive patriarcale est-elle – à ce jour – toujours parvenue à imposer sa conviction profonde que les Juifs installés en Palestine vivent sous la menace d’une destruction imminente ?

 

L’émergence du refoulé

En juin 1967, à la veille de la guerre des Six Jours, le ministre israélien des Affaires étrangères Abba Eban déclarait : « L’agression nous entoure de tous côtés, plusieurs pays arabes se sont obligés à donner expression à une attitude hostile, cependant c’est Nasser qui dirige et organise cette agression qui pèse si lourdement sur notre région et sur le monde entier. C’est lui qui annonce publiquement que le moment est venu de détruire notre pays […]. » (5) Malgré les pressions diplomatiques, alors que les provocations mutuelles avaient mené Israéliens et Arabes vers un paroxysme de haine, l’armée israélienne lança une Blitzkrieg contre ses voisins, détruisant leurs positions militaires en quelques heures, et s’empara d’immenses territoires. Sept cents soldats israéliens et plus de vingt-cinq mille Arabes furent tués. Mais peu de temps avant l’attaque, loin de confirmer les craintes exprimées par M. Eban, le ministre de l’Information Israël Galili avait averti : « Notre puissance est effrayante, et quelquefois je regrette de ne pas pouvoir vous la dévoiler, afin que vous sachiez que nous avons les raisons les plus solides d’avoir confiance en nous-mêmes et en notre victoire. » (6)

Comme l’illustre cet exemple historique, la mise en place d’un rejouement collectif – si douloureux qu’il se révèle en fin de compte – nécessite la sélection minutieuse de faits jugés probants par ceux qui l’organisent et qui, pris dans leur ensemble, vont déterminer l’expression d’une représentation, vécue comme intensément vraie. En l’occurrence, la conviction qu’Israël est menacé d’une destruction imminente s’explique d’abord par le fait que des sentiments – profondément refoulés dans la mémoire collective sioniste – émergent au sein de la population et viennent se greffer sur le présent, conférant une authenticité à la représentation qu’elle s’en fait. Les décideurs politiques instrumentalisent cette dynamique d’expression du refoulé dans l’intention de confirmer leur hiérarchie de valeurs et d’engager une action militaire, plutôt que de l’accueillir comme étant porteuse d’une libération.

Aujourd’hui, alors qu’aucune nation arabe n’est en mesure de menacer militairement l’existence d’Israël, ce vécu refoulé cherche toujours un canal d’expression – un support –, qui malheureusement participe à le détourner de sa résolution consciente. « Nous avons beau opprimer les Palestiniens, poursuit ainsi l’historien B. Morris, nous restons la victime en puissance. Nous sommes une minorité isolée dans un océan d’Arabes qui ne songent qu’à nous anéantir. » (7) Cette perception d’une menace imminente se déplace maintenant sur le terrain démographique : la fécondité de la population arabe de Palestine étant beaucoup plus importante que celle des Juifs, certains laissent entendre par exemple que l’étroite bande de Gaza pourrait compter onze millions d’habitants d’ici 2050, justifiant ainsi la politique de séparation des deux peuples mise en œuvre par le gouvernement d’Ariel Sharon (8).

 

La logique du rejouement

La réalité est certainement plus prosaïque. Il y a déjà presque autant d’Arabes que de Juifs entre le Jourdain et la Méditerranée, et toute solution négociée détournerait immanquablement l’État juif du fantasme sioniste « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». La question de l’origine de cette représentation fantasmatique n’étant pas clairement posée – et résolue –, il reste à organiser le rejouement de cette problématique à travers la mise en place d’une logique de représailles légitimant constamment le recours à la violence. Le stratagème permet aux représentants du pouvoir de manipuler la souffrance des populations en réactivant la terreur vécue face à l’inconscience du père autoritaire, qui préfère sacrifier ses enfants plutôt que de se remettre en cause. L’arme de la provocation, qui dénote une volonté de conserver son interlocuteur en tant que support de projections non reconnues comme telles, se transforme alors en programme politique.

C’est la raison pour laquelle, dans leurs relations à la culture arabo-musulmane et aux Arabes palestiniens en particulier, la plupart des dirigeants israéliens se sont distingués par une absence de jugement confinant au cynisme. Au fil de sa courte histoire, rares sont les circonstances dans lesquelles l’État juif n’ait pas été mené de Charybde en Scylla, par une élite passant d’une initiative funeste à une volte-face plus déplorable encore, dans sa volonté d’en découdre coûte que coûte avec les « ennemis jurés » d’Israël. Un soir d’octobre 1995, alors que le gouvernement travailliste d’Yitzhak Rabin avait finalisé le principe d’une reconnaissance mutuelle avec lOrganisation pour la libération de la Palestine (OLP) en signant les accords d’Oslo et fait la paix avec la Jordanie, le président du Likoud (9) Benjamin Netanyahu haranguait une foule violemment hostile au Premier ministre – « Rabin nazi ! Rabin chien ! Rabin à mort ! » – et déclarait : « Cette ordure meurtrière d’Arafat est maintenant applaudie par le Gouvernement d’Israël qui l’aide aveuglément à réaliser son plan : l’annihilation de l’État juif. » (10) Quelques jours plus tard, M. Rabin tombait sous les balles d’un jeune extrémiste juif, entraînant avec lui le fragile processus de réconciliation amorcé avec les Arabes.

Devenu à son tour Premier ministre en 1996, porté au pouvoir par une anxiété collective suscitée par la perspective d’une paix durable, M. Netanyahu va systématiser le recours à la provocation, avec pour objectif affiché de consolider la domination israélienne sur les Palestiniens. En toute connaissance de cause, il relance bientôt le percement d’un tunnel « d’intérêt archéologique », situé dans la vieille ville de Jérusalem, près de l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam. Qualifiée de « crime contre les droits, les biens et les sentiments religieux des Palestiniens » par Yasser Arafat, cette décision entraîne le soulèvement – réprimé dans le sang – de centaines de Palestiniens. Le 28 septembre 2000, la visite au Mont du Temple du nouveau chef du Likoud Ariel Sharon, entouré de plus de mille soldats, sur cette même esplanade où se trouve la mosquée Al-Aqsa, marquera le début de la seconde intifada, dite précisément Al-Aqsa. De cet embrasement populaire naîtront les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, une organisation terroriste nationaliste affiliée au Fatah de M. Arafat, qui revendiquera bientôt de nombreux attentats suicides contre la population israélienne.

 

Meurtres d’enfants

Cet engrenage sinistre n’est pas l’expression d’une fatalité, mais bien le résultat de choix délibérés opérés – dans chaque camp – avec l’intime conviction d’œuvrer pour l’intérêt d’une cause éminente. Et si, au bout du compte, les protagonistes vivent la situation en victimes – voire en « martyrs » –, c’est parce qu’ils refusent de reconnaître l’obstination avec laquelle ils participent à la mise en place d’une mise en scène macabre et la démence qui caractérise les représentants politiques ou religieux qu’ils soutiennent dans ce sens. À l’origine d’une telle schizophrénie se trouve la violence traumatique exercée par le père contre la conscience de l’enfant et l’interdit que celui-ci oppose à la mise à jour de cette violence. C’est pourquoi les meurtres d’enfants – qui rappellent cruellement le sacrifice ordonné en son temps par Abraham – semblent découler d’une compulsion quasi-irrépressible, tant pour les Juifs que pour les Musulmans.

Au cours des deux premiers mois de la nouvelle intifada, plus de deux cents Palestiniens furent tués par des soldats israéliens, dont 73 enfants de moins de 17 ans (11). Si la brutalité de cette répression était directement imputable à l’armée israélienne, les autorités palestiniennes finirent par dévoiler qu’elles avaient aussi leur part de responsabilité dans l’hécatombe : « Nous ne pouvions pas perdre dix enfants par jour, déclara un porte-parole, le coût humain était trop élevé. On devait passer à une autre stratégie. » (12) Le 30 septembre, soit deux jours après la funeste excursion de M. Sharon au Mont du Temple, un drame symbolisa le martyre de la Palestine assiégée et, plus profondément, celui de l’enfance offerte en sacrifice à la névrose collective. Près de Netzarim, une colonie juive implantée dans la bande de Gaza et défendue comme une forteresse, le jeune Mohamad El Dirah, douze ans, et son père furent pris dans une longue fusillade opposant manifestants palestiniens et soldats israéliens. Filmée en direct par une équipe de télévision française, et retransmise sur les écrans du monde entier, la scène montre l’homme et l’enfant plaqués l’un contre l’autre, ce dernier criant et pleurant avant de succomber dans les bras de son père, touché par une rafale tirée d’une position israélienne. Le lendemain, lors de ses funérailles, son corps fut porté telle une bannière ensanglantée par des milliers de manifestants exaltés (13).

 

Peur des Arabes

L’élection, en février 2001, du chef du Likoud Ariel Sharon au poste de Premier ministre doit beaucoup à la tournure dramatique que prirent les évènements à la suite de sa visite provocante au Mont du Temple. Réactivés dans une terreur d’anéantissement issue de leur passé refoulé, les électeurs israéliens croient désormais voir en lui « un bouclier qui saura les protéger » (Le Monde, 08.02.2001). Ce choix est déterminé par l’impératif inconscient de remettre en scène des souffrances collectives qu’ils se refusent à accueillir. L’héritage familial et la personnalité de M. Sharon font de lui le meneur adapté à ce scénario.

Ariel Sharon, né Arik Scheinerman, voit le jour en 1928, au moshav de Kfar Malal, une communauté agricole implantée au nord de l’actuel Tel Aviv. Sa famille, établie en Palestine depuis 1922, vient de Brest-Litovsk, une ville fortifiée à prédominance juive située sur la frontière mouvante qui sépare la Pologne de la Russie soviétique. Depuis le début de la Première Guerre mondiale, les populations de cette région d’Europe orientale longtemps dominée par l’Empire russe ont vécu le passage des troupes allemandes, polonaises et enfin bolcheviques, et vivent dans une insécurité dramatique. Aux déplacements massifs de Juifs ordonnées, dans la zone du front, par l’état-major russe lors de la grande retraite de 1915 ont succédé les pogroms anti-juifs engendrés par la guerre civile, particulièrement en Biélorussie et en Ukraine (14). La guerre polono-soviétique de 1919-1920 a fini d’épuiser, aux portes de Varsovie, les forces vives de la région. Et lorsque le traité de Riga (1921) rétablit – pour un temps – la Pologne dans sa légitimité territoriale, les plaies laissées par la guerre sont béantes.

Comme tant d’autres familles juives qui émigrent à cette époque, c’est un énorme bagage de souffrances générationnelles non résolues que les Scheinerman transposent en Palestine, qu’ils refoulent et entreprennent donc de remettre en scène, tant familialement que collectivement. Au moshav où le jeune Arik grandit, on s’arme contre les villages arabes du voisinage, alléguant de leur hostilité à l’égard du colon juif pour projeter sur eux – et donc refouler par une agressivité compulsive – des terreurs d’anéantissement vécues dans la tourmente des guerres européennes. Selon un proche de la famille, la mère d’Arik « a inculqué dès le plus jeune âge à ses enfants la peur des Arabes en leur disant qu’ils allaient venir les tuer. » (15) De son côté, son père lui apprend tôt à se servir d’une arme et l’enfant s’engage, dès l’âge de quatorze ans, dans la Haganah où il se distinguera bientôt par des opérations brutales, planifiées pour tuer un maximum de civils arabes. Il affiche un mépris complet pour la vie de ses ennemis et des soldats rapportent l’avoir vu « rigolant tandis qu’un jeune officier harcelait un vieil Arabe avant de l’abattre à bout portant » (16).

 

Le rôle des leaders

Combien de drames de ce genre, qui en leur temps scellèrent les destins familiaux des colons juifs émigrés en Palestine pour fuir le harcèlement et les pogroms, gisent presque intacts dans la mémoire refoulée des descendants des Amants de Sion ? En refusant d’accueillir leur passé en conscience, les parents contraignent leur progéniture à remettre en scène leurs problématiques non résolues. Quand ce refus parental confine à la psychose, symptôme d’un vécu refoulé particulièrement traumatique, l’enfant terrorisé est investi d’un rôle dans la structure familiale de refoulement et finit par devenir une caricature du rapport que ses parents ont instauré avec eux-mêmes : insensibilité à la souffrance, mépris de la faiblesse, arrogance devant l’évidence du mensonge. Devenu adulte, il place cette fidélité névrotique par-dessus sa sensibilité humaine et réduit sa conscience à un instrument docile commandé par l’impératif collectif de remettre en scène le passé, plutôt que le résoudre. Dans l’enchaînement des passages à l’acte qui ponctuent la marche vers l’issue tragique du rejouement, des personnalités pathologiques comme celle du jeune Sharon – dont le général Moshe Dayan disait qu’il « n’avait pas besoin d’ordres écrits » (17) – se révèlent déterminantes.

Le massacre de Qibya, le 15 octobre 1953, perpétré par un détachement de l’armée israélienne commandé par le major Sharon, alors âgé de 25 ans, fournit une illustration de cette escalade meurtrière. Deux nuits plus tôt, des terroristes vraisemblablement infiltrés de la frontière cisjordanienne voisine, avaient lancé une grenade dans une maison de Yehud, un village israélien située à l’est de Tel Aviv, tuant une jeune mère et deux de ses enfants endormis. Le haut commandement militaire décida d’une « brutale » action de représailles contre le village arabe de Qibya, considéré comme base arrière des terroristes en Cisjordanie, avec pour mission d’occuper le village, d’en démolir les maisons et de nuire à ses habitants avant de les expulser. Fidèle à l’esprit de l’Opération Rose dont on venait de lui confier le commandement, Sharon donna l’ordre à ses troupes d’attaquer Qibya et d’infliger « des pertes maximales, tant aux hommes qu’aux habitations ». 700 kilos d’explosifs furent utilisés pour faire sauter 45 maisons, sous les ruines desquelles on retira le lendemain quelque 70 cadavres, pour la plupart des femmes et des enfants. Plusieurs rapports mentionnent que les Israéliens exterminèrent les habitants avant de démolir leurs logis : « Des corps criblés de balles près des embrasures de porte et des impacts de balles contre les portes des maisons démolies indiquent que les habitants ont été contraints de rester à l’intérieur des maisons jusqu’à ce que celles-ci leur explosent dessus. » (18)



Fig. 1 : Victimes des pogroms d’Odessa (octobre 1905)

Fig. 2 : Palestiniens fuyant le massacre de Deir Yassin (avril 1948)

 

Maîtriser le revécu traumatique

La légitimité avec laquelle les assaillants infligèrent, en dépit de toutes les Conventions existantes et dans des conditions effroyables, plus de vingt morts civiles arabes pour chacune des victimes juives de Yehud ne s’expliquait pas par une douteuse logique de « revanche et de dissuasion », comme le prétendit l’état-major général israélien. Elle prenait sa source dans le passé traumatique des Juifs sionistes qui, en tant que groupe et par-delà les générations, faisaient le choix de structurer le refoulement collectif en passant à l’acte sur une cible émissaire, plutôt que de se libérer de leurs souffrances (fig. 1 et 2). Et quels évènements traumatiques pouvaient-ils chercher à maîtriser par une telle mise en scène ? Là encore, il est difficile de ne pas songer aux vagues destructrices que vécurent les communautés juives d’Europe de l’est à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Dans l’ouvrage Les pogroms anti-juifs : 1918-1921, on trouve par exemple la description suivante : « Les bourgades et hameaux les plus florissants avaient l’air de cimetières abandonnés : les maisons étaient brûlées ou détruites, les rues désertes, comme mortes… Toute une série de lieux peuplés par les Juifs [suit une liste de villages ukrainiens] avaient été entièrement incendiés et n’offraient plus à la vue qu’un monceau de décombres. » (19)

Le massacre de Qibya ne souleva que peu d’indignation en Israël. Informé du dénouement tragique de l’Opération Rose contre laquelle il avait été seul à s’opposer, le ministre des Affaires étrangères Moshe Sharett écrivit dans son journal personnel : « Des représailles d’une telle ampleur […] n’avaient jamais été exécutées auparavant. Je marchai de long en large dans ma chambre, perplexe et complètement abattu, envahi par un sentiment d’impuissance. » À l’inverse, la presse nationale se rangea unanimement derrière le gouvernement – arguant que « le langage de la force brute est le seul qui soit intelligible aux Arabes » – et l’opinion publique israélienne, pour un temps rassurée sur la capacité de ses leaders à maîtriser son vécu émotionnel, fut surtout révoltée par la condamnation unanime que le raid suscita à travers le monde. Plus réaliste, un représentant de l’État juif à l’étranger dénonça « le plus grand préjudice [causé] à la sécurité de l’État depuis la Guerre d’Indépendance » et avertit : « Nous avons mis gravement en danger la réputation et l’honneur d’Israël, dont dépend largement notre existence même ; nous avons fait fuir nos amis, avons fortifié nos ennemis et, de nos propres mains, nous sommes nous-mêmes isolés politiquement. » (20)

 

Naissance du sionisme

Longtemps minoritaire au sein même du judaïsme, le courant sioniste fut fondé sur un profond sentiment d’insécurité et de dépossession que partageaient nombre de communautés juives de la diaspora, particulièrement celles de l’Est européen, à la fin du XIXe siècle. Mais les quelques milliers de Juifs russes qui en firent leur idéal entre 1881 et 1904, et s’expatrièrent alors vers Eretz Israël – la Terre d’Israël –, étaient porteurs d’un projet radical spécifique, qu’il est maintenant possible de mettre au jour.

En Russie, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’intelligentsia juive, séduite par l’universalisme des Lumières, avaient rompu avec l’orthodoxie religieuse pour se fondre dans la culture russe, s’identifiant souvent à la cause du jeune mouvement révolutionnaire. Des voix – comme celles des Amants de Sion qui aspiraient à retourner en Palestine – s’élevèrent bientôt contre cette évolution et s’exprimèrent « pour le retour au judaïsme de nos pères ». Réagissant aux pogroms de 1881, un médecin juif d’Odessa publia à Berlin, à titre anonyme, un manifeste en faveur de la création d’un foyer national juif, affirmant que ses espoirs dans l’assimilation s’étaient effondrés et que le peuple juif était comme « le spectre d’un mort errant au milieu des vivants » (21). Le premier chef de file du sionisme, le libéral autrichien Theodor Herzl, avait lui-même caressé l’idée de résoudre la question juive par la fusion du judaïsme et du christianisme. Mais, lorsque éclata l’affaire Dreyfus, il fut réactivé dans sa propre terreur et abandonna son idéal : « Si la séparation est inévitable, se dit-il, eh bien qu’elle soit radicale ! Si nous souffrons d’être sans patrie, édifions-nous à nous-mêmes une patrie ! » (22)

Il est frappant de voir associés si nettement deux vécus émotionnels apparemment contradictoires – un désir de fusion et l’impératif d’une séparation –, le second surgissant comme une réaction de survie au premier, perçu comme menaçant. Au fond, ce qui semble effrayer ces précurseurs, ce sont moins les violences dont les Juifs sont périodiquement l’objet que la peur qu’ils cessent d’exister en tant que « “peuple élu” de la haine universelle » (23). Ainsi le présioniste Lev Pinsker, auteur du manifeste susmentionné, affirmait-il encore que les Juifs ne peuvent « s’assimiler à aucune nation et, par voie de conséquence, ils ne peuvent être tolérés par aucune nation ». Cette problématique non résolue, si caractéristique du courant sioniste, va être transposée en Palestine, au point qu’un autre de ses représentants notoires, le sioniste révisionniste Vladimir Jabotinsky écrira dans son ouvrage Le Mur d’acier : « Toute colonisation, même la plus réduite, doit se poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc, elle ne peut se poursuivre et se développer qu’à l’abri du bouclier de la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. » (24)

 

L’empreinte collective du traumatisme

Le propre d’un traumatisme non résolu est de se présenter constamment à la conscience, à travers le douloureux mécanisme du rejouement. Plus l’empreinte traumatique est profonde, plus déterminante sera son incidence sur le déroulement de nos vies, sur nos rapports aux autres et à nous-mêmes. Lorsqu’il concerne une communauté humaine prise dans son ensemble, ce vécu refoulé confère au groupe une unité intrinsèque et ses membres partagent un sentiment d’appartenance, liée au fait qu’ils réagissent aux mêmes stimuli émotionnels et mettent en œuvre des stratégies de survie similaires.

Au-delà de l’expérience historique de l’exil, de la vie en ghetto et des persécutions, un vécu traumatique spécifique au judaïsme a traversé les âges, perpétuant violemment l’emprise du père sur ses enfants : la circoncision rituelle masculine au huitième jour. Fidèle aux Écritures, la hiérarchie rabbinique a de tout temps considéré cette mutilation comme un signe d’appartenance au Peuple élu et son absence comme une marque d’infamie : « L’incirconcis, le mâle dont on n’aura pas coupé la chair du prépuce, cette vie-là sera retranchée de sa parenté : il a violé mon alliance. » (Gn 17 14) L’alliance prétendument conclue entre Yahvé et les Juifs par la circoncision est précisément à l’origine du concept de Terre promise, que les sionistes invoquent encore aujourd’hui pour légitimer leurs droits sur la Palestine (25). Lorsqu’au IIe siècle de notre ère, des Juifs désireux de fusionner avec les autres nations se refirent un prépuce en étirant ce qui leur restait de peau par dessus leur gland, les rabbins décidèrent de rendre cette mutilation encore plus sévère. Au lieu de couper uniquement la peau qui dépasse du gland, ils exigèrent désormais que soit aussi arrachée la doublure du prépuce, faisant de la circoncision juive traditionnelle une opération particulièrement douloureuse (26).

Cet acharnement face à la remise en cause montre bien l’enjeu de pouvoir qu’implique une telle pratique. Dans les sociétés africaines, l’abolition de la circoncision est associée à « la désintégration de la tribu » parce qu’on lui impute l’unité de l’organisation sociale (27). Aujourd’hui encore, ses partisans juifs y voient une alliance éternelle qui ne peut jamais être abolie : « La circoncision, explique un rabbin, est la communauté qui vit dans l’histoire. Sans elle, l’homme est comme une particule de sable qui flotte sur le courant, venant de nulle part et allant nulle part. » (28)

 

Portée politique de la circoncision

Des personnes ayant eu l’occasion de revivre, sous hypnose ou lors de régressions thérapeutiques, les circonstances de leur propre circoncision ont décrit les sensations de terreur, d’anéantissement et la rage qui résultèrent du viol de leur intégrité. Voici ce qu’en dit un psychologue juif américain : « L’expérience émotionnelle était horrible. J’ai senti une peur me submerger, transpirant et tremblant de longs moments. Parfois, une rage intense me remontait. Je voulais me protéger, mais je ne le pouvais pas. Je me suis senti très triste, sombrant dans l’affliction, le désespoir et l’impuissance. » (29) Ces témoignages permettent de se faire une idée de l’intensité des sentiments refoulés qu’implique la généralisation d’une telle mutilation à une communauté humaine. De toute évidence, ce vécu émotionnel est par la suite projeté dans le tissu social et détermine l’ensemble de l’édifice que le groupe construit autour du refoulement collectif du traumatisme.

La violence du rapport relationnel qu’impose le père à ses enfants – et notamment la rupture du lien protecteur avec leur mère – va se retrouver dans les interactions que ces derniers vivront avec leur entourage (30). En tant que support collectif de cette souffrance non résolue, le monde des « non juifs » sera perçu comme hostile, voire menaçant, ce qui permettra de rejouer sur lui, en fonction des circonstances historiques, la séparation et le rejet vécus au sein même de l’intimité familiale. Conjointement, le fantasme de Terre promise, idéalisation d’un accueil maternel perdu à jamais du fait de la coupure infligée par le père, va peu à peu conférer aux revendications politiques des sionistes le caractère d’un mouvement nationaliste qui prétend rassembler tous les Juifs (fig.3). La rage refoulée sera régulièrement mise en actes à travers les faits de guerre – toujours vécus comme une « légitime défense » – et les chefs militaires les plus arrogants seront choisis dans ce sens. Enfin, les protagonistes afficheront la même indifférence devant la souffrance de l’ennemi que celle du père à l’égard du vécu de son enfant.

 

 

Fig. 3 : Affiche de commémoration du premier Congrès sioniste de Bâle, en 1897.

 

Les Palestiniens comme support

L’établissement d’un « foyer juif » en Palestine, la création de l’État d’Israël et la politique de colonisation des territoires occupés, poursuivie depuis 1948, sont des réalités historiques empreintes de ces dynamiques inconscientes. Celles-ci contiennent donc elles-mêmes le gage de reproduction des traumatismes qu’elles engendrent. À la suite des récents évènements de Rafah, dans la bande de Gaza, au cours desquels l’armée israélienne a détruit des centaines de foyers palestiniens et contraint leurs occupants à l’exil, un observateur israélien remarqua : « Le plus choquant, c’est sans doute de voir se rejouer à Rafah des scènes déjà vécues par les grands-parents et les parents des réfugiés de Yibna [l’actuelle Yavneh, entre Tel-Aviv et Gaza] lorsqu’ils abandonnèrent leurs maisons devant la percée des assaillants israéliens. Près de cinquante-six ans se sont écoulés et c’est aujourd’hui aux descendants de ces réfugiés de rejouer la même scène. » (31)

Devant l’implacabilité que l’homme confère au mécanisme du rejouement, il n’y a pas d’autre issue que d’accueillir en conscience – par un travail collectif de mise à jour, d’écoute et d’expression – le vécu refoulé qui motive les passages à l’acte et de s’en libérer. À défaut de cette démarche salutaire, le groupe s’enfonce dans les projections qui font porter à l’Autre l’origine de ses souffrances non reconnues, justifiant la poursuite d’une confrontation suicidaire. Pour prendre la mesure du rôle que les Juifs israéliens ont fait jouer aux Arabes palestiniens – un rôle dans lequel ces derniers se sont aussi enfermés du fait de leur propre histoire –, écoutons ce qu’exprime une porte-parole palestinienne : « [Nous sommes] un peuple anéanti dont on a enlevé les bases d’existence par les lois militaires. Physiquement et moralement, les Palestiniens se sentent démunis et faibles, détruits et abandonnés par le reste du monde. L’occupation militaire en a fait des citoyens de deuxième catégorie avec des complexes d’infériorité. » (32) Comment ne pas reconnaître dans ce témoignage les sentiments refoulés des sionistes eux-mêmes, conséquences des douloureuses pérégrinations de la diaspora en terres hostiles, mais aussi du vécu de l’enfant terrorisé par l’effondrement de son intégrité face à la mutilation que le père inflige à sa conscience ? Pour déjouer leurs terribles remontées émotionnelles, les sionistes imposent à leurs voisins arabes les mêmes humiliations que leurs propres parents ou grands parents ont subies, faisant vivre à d’autres les terreurs qu’ils refoulent : déportation de familles entières, classification des habitants, confiscation ou destruction des biens, massacre des populations ou mutilation des enfants…

 

L’apocalypse ou l’écoute

Mais la hiérarchie judaïque religieuse et politique, fidèle à l’ordre du père, préfère décliner toute responsabilité dans ce processus de rejouement. Au contraire, elle s’attache à démontrer que l’inflexible destin d’Israël est inscrit dans la Bible et qu’il émane d’une volonté divine. En 1973, lorsque le général Ariel Sharon repoussa l’armée égyptienne au-delà du Canal de Suez, ses partisans l’acclamèrent comme le « Roi d’Israël ». Le mouvement fondamentaliste des colons juifs Gush Emunim – qui invoque les Écritures pour affirmer que l’expansion du territoire d’Israël n’est pas achevée (33) – vit en lui l’homme qui accomplirait les prophéties bibliques et s’allia avec le Likoud pour emporter les élections de 1977. Jérusalem, qui dans la Bible désigne à la fois la ville, le pays et le peuple juif tout entier, ne porte-t-elle pas justement le nom symbolique d’Ariel – le Lion de Dieu ? Dans cette logique messianique, une imprécation ambiguë du prophète Isaïe, contemporain de la conquête du royaume d’Israël par les Assyriens, en 721 avant notre ère, résumerait la situation politique actuelle de l’État juif : « Malheur, Ariel, Ariel, cité où campa David ! Ajoutez année sur année, que les fêtes accomplissent leur cycle, j’opprimerai Ariel, ce sera gémissements et sanglots, et elle sera pour moi comme Ariel. Je camperai en cercle contre toi, j’entreprendrai contre toi un siège et je dresserai contre toi des retranchements. » (Is 29 1-3)

Pour confirmer leurs terreurs d’anéantissement émergeant dans le présent et justifier l’escalade aveugle de la violence, certains érudits interprètent dans le même sens les écrits anonymes du Livre de Zacharie, qui prédisent qu’un combat eschatologique précédera le retour de Yahvé (Za 14 1-12). Appelant inconsciemment de leurs vœux une déflagration qui soit à la mesure de leur colère refoulée, ils croient distinguer dans cette prose, comme dans celle d’Isaïe, les prémices d’une guerre atomique sur le territoire d’Israël : « La horde de tes ennemis sera comme des grains de poussière, la horde des guerriers, comme la balle qui s’envole. Et soudain, en un instant, tu seras visitée de Yahvé Sabaot dans le fracas, le tremblement, le vacarme, ouragan et tempête, flamme de feu dévorant. » (Is 29 5-7)

Ainsi, la volonté destructrice du père à l’égard de la vérité de l’enfant serait-elle consommée, pulvérisant du même coup toute velléité de résoudre en conscience les problématiques mises en scène. Toute détermination à mettre en cause le mode de refoulement défendu par le père – au mépris de la vie – participera à détourner les protagonistes du fantasme apocalyptique qu’ils menacent de concrétiser en Palestine.

Marc-André Cotton

© M.A. Cotton – 08.2004 / regardconscient.net
 


Notes :

(1) Lire « Pour Tony Judt, le sionisme est un anachronisme », Courrier international No 692, 05-11.02.2004. L’ancien maire adjoint de Jérusalem Meiron Benvenisti, colon juif de la première heure, fait une analyse similaire. Lire à ce propos « À la fin des fins, nous serons une minorité juive, ici », Le Courrier, 02.12.2003.

(2) Lire Amira Hass, « Ces Israéliens qui rêvent de “transfert” », Le Monde diplomatique, février 2003, https://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/HASS/9752.

(3) Force armée sioniste qui, en 1948, deviendra le Tsahal, l’armée actuelle de l’État israélien.

(4) Propos recueillis par Ari Shavit, « Ben Gourion aurait dû expulser tous les Arabes », Courrier international, No 689, 15-21.01.2004.

(5) Cité par Jean-Michel Meurisse et Simone Bitton in Palestine, histoire d’une Terre, film documentaire français, 1993.

(6) Cité par l’Agence France Presse, Le Monde, 04.06.1967.

(7) Propos recueillis par Ari Shavit, op. cit.

(8) Chiffre avancé par le démographe israélien Sergio Della Pergola, « C’est la poudrière démographique qui a peut-être retourné Sharon », Le Courrier, 07.02.2004. La bande de Gaza compte actuellement 1,4 millions d’habitants.

(9) Parti majoritaire de la droite israélienne, actuellement dirigé par Ariel Sharon.

(10) Cité par Michaël Karpin in Le chemin vers la place Rabin, film documentaire israélien, 1997.

(11) Chiffres avancés par Georges Malbrunot, Des Pierres aux fusils : les secrets de l’Intifada, éd. Flammarion, 2002.

(12) Cité par G. Malbrunot, ibid.

(13) Georges Marion, « Mohamad, l’enfant emblématique de la Palestine », Le Monde, 3.10.2000.

(14) Alexandre Soljénitsyne écrit : « Par leur étendue, leurs dimensions, leur cruauté, ces pogroms dépassent sans commune mesure tout ce que nous avons vu dans cet ouvrage sur les années 1881-1882, 1903 et 1905. » Deux siècles ensemble, Juifs et Russes pendant la période soviétique (vol. II), éd. Fayard, 2003, p. 172.

(15) Uri Avneri, cité par Paul Jenkins in Faucons et colombes : les généraux israéliens en politique (3/3 Ariel Sharon), film documentaire israélien, 2003.

(16) Uzi Benziman, Sharon, An Israeli Cæsar, Robson Books, 1987, p. 56.

(17) Ariel Sharon, Warrior, An Autobiography, Simon & Schuster, 1989, p. 250.

(18) Lire Benny Morris, Israel’s Border Wars, 1949-1956, Oxford University press, 1993, pp. 257-276.

(19) Ouvrage cité par Alexandre Soljénistyne, op. cit., p. 161.

(20) Lire Benny Morris, op. cit.

(21) Lev Pinsker, Auto-émancipation. Appel d’un Juif russe à ses frères, cité par A. Soljénytsine, op. cit., p. 283.

(22) Stefan Zweig, Le monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, cité par A. Soljénitsyne, op. cit., p. 287.

(23) Cette expression est de Lev Pinsker, op. cit.

(24) Vladimir Jabotinsky, Le Mur d’acier (The Iron Wall), Rassvet, 1923.

(25) En échange de l’obligation de circoncire tous les membres de sa communauté, Yahvé promit à Abraham : « À toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où tu séjourneras, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité, et je serai votre Dieu. » (Gn 17 8)

(26) Lire Sami A. Aldeeb Abu-Sahlieh. Circoncision masculine, circoncision féminine, éd. L’Harmattan, 2001, p. 57.

(27) Jomo Kenyatta, Au pied du Mont Kenya, éd. Maspero, 1967, p. 99.

(28) Rabbin Joseph B. Soloveitchik, cité par S. A. Aldeeb Abu-Sahileh, op. cit., p. 54.

(29) John Breeding, cité par Ronald Goldman in Circumcision the hidden trauma, Vanguard publications, Boston, 1997, p. 97.

(30) Lire Marc-André Cotton, « Traumatisme de la circoncision », Regard conscient, mai 2005, https://regardconscient.net/archi04/0405circoncision.html.

(31) Meiron Benvenisti, « Le drame de Rafah : une impression de déjà-vu », Courrier international, No 708, 27.05-02.06.2004.

(32) Interview de Sumaja Farhat-Naser in « Nous sommes un peuple anéanti et divisé », Terre Nouvelle, juin-août 1994.

(33) Ainsi, par exemple : « Tout lieu que foulera la plante de vos pieds sera vôtre ; depuis le désert, depuis le Liban, depuis le Fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu’à la mer Occidentale s’étendra votre territoire. » (Dt 11 24)