par Sylvie Vermeulen et Marc-André Cotton |
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Grandiosité
Les manifestations de grandiosité viennent compenser le profond sentiment d’impuissance que les passages à l’acte parentaux ont infligé à la conscience de l’enfant. (Dessin de Corrigan, paru dans The Toronto Star, Canada : G. W. Bush en capitaine de cavalerie. Sur l’escargot: «Secours» aux inondés de |
Incarner l’image du Bien
Obsédés par une compétition économique dépendante de la gestion de la terreur relationnelle vécue enfant dans le rapport parental, les Américains ont acquis les valeurs du système qui les exploite. Dans leur prétention à incarner l’image du Bien et à circonscrire le Mal à l’extérieur d’eux-mêmes, ils ont cautionné « une guerre juste contre les ennemis de l’Amérique » pour refouler leurs souffrances au détriment de préoccupations d’ordre social, dont la résolution nécessiterait des remises en causes. Comme l’ont relevé des observateurs, l’ouragan n’aurait pas été aussi destructeur si les moyens octroyés à la guerre en Irak l’avaient été aux actions de protection des populations civiles, notamment à l’entretien des digues et des stations de pompage qui devaient préserver des eaux les quartiers les plus pauvres de La Nouvelle-Orléans.
En réalité, la posture de soumission à l’injonction parentale de faire le Bien masque la volonté inconsciente de justifier la reproduction des maltraitances endurées dans l’enfance sur ceux que l’on accusera collectivement de faire le Mal - en l’occurrence les pauvres et les exclus - parce que des souffrances générationnelles non résolues les prédisposent à ce rôle. Dans un communiqué diffusé après la catastrophe, un pasteur fondamentaliste sermonna : « Bien que la perte de vies humaines soit profondément attristante, ce fléau divin a détruit une cité dépravée. Les portes de cette ville étaient grandes ouvertes à la célébration publique du péché. Prions pour qu’une cité plus vertueuse émerge de ce chaos. » (www.repentamerica.com, 31.8.05.)
Cette propension à qualifier de « fléau divin » les conséquences d’un rejouement collectif permet de maintenir le refoulement d’un profond sentiment d’injustice vécu sous la violence parentale. Un tel état de dissociation psychique interdit toute prise de conscience des causes réelles des phénomènes.
Sylvie Vermeulen
et Marc-André Cotton
Alcools
D’après un journal américain, le président Bush serait à nouveau sous la dépendance de l’alcool : « Sa gestion de la crise [entraînée par le passage] de l’ouragan Katrina et les pertes américaines en Iraq ont alimenté le mécontentement public et poussé Bush à se remettre à boire. » Selon l’une des sources citées, la famille Bush craint qu’il ne « tombe en morceaux » et a assigné à son épouse le rôle de « garde-chiourme ». (National Enquirer, 21.9.05)
En public, George W. Bush a toujours prétendu avoir cessé de boire au lendemain de son quarantième anniversaire et s’être tourné vers sa foi de « chrétien du renouveau ». Aux yeux de ses sympathisants, il incarnait le méchant garçon ayant racheté l’approbation parentale par une conduite exemplaire. Mais la problématique collective qui l’a conduit à endosser ce rôle n’a pas de prise durable sur son passé d’enfant humilié. Le stress lié à l’exercice du pouvoir ou la désapprobation grandissante dont il est l’objet sont des éléments qui font remonter en lui des affects non résolus. Comme les manifestations de ses souffrances ont toujours été condamnées, il se tourne à nouveau vers l’alcool pour inhiber sa capacité à remettre en cause l’image projective que ses parents construisirent de lui.
L’état émotionnel dans lequel se trouve le dirigeant américain est en phase avec celui du groupe qu’il représente: une dépression profonde, refoulée depuis l’enfance et réactivée par les évènements dramatiques de ces dernières semaines.