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Newsletter Regard conscient No 42 – Février 2024

Chères et chers ami·e·s, chères et chers abonné·e·s,
Dear Psychohistory friends,

Comme je l’avais annoncé, Ophélie Perrin et moi-même organisons un stage en résidentiel « Autour des transmissions transgénérationnelles » qui aura lieu dans l’Ain, du 6 au 11 mai 2024. Cette rencontre de quatre jours et demi est particulièrement destinée aux personnes désireuses d’approfondir un travail de connaissance de soi par l’approche transgénérationnelle, pour elles-mêmes ou pour leur propre pratique de l’accompagnement.

Elle s’inscrit dans la continuité du projet Regard conscient et des outils inédits proposés par Sylvie-Béatrice Vermeulen dans son livre « Le Génie de l’être ». Si cette démarche vous intéresse, je vous invite à consulter la page dédiée à la présentation de ce stage. Vous trouverez ci-contre le flyer de sa présentation, que vous pouvez faire circuler sur vos réseaux (survolez l’image pour générer un pop-up).

Ma co-animatrice, Ophélie Perrin, anime le Forum de l’Enfance Libre depuis 2020. Thérapeute psycho-intégrative et formatrice, elle propose un accompagnement au cœur de l’humain, permettant à chacun de se découvrir et de se rencontrer dans la relation à Soi et la relation à l’Autre. Je rappelle également qu’un quatrième stage « Autour du Génie de l’être » est agendé pour l’automne auquel vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire.

Le dossier principal de cette newsletter a occupé mes six derniers mois. Il s’agit de la revue d’études sur l’isolement de l’enfant – le trop fameux « time-out » – dont vous trouverez la présentation au bas de cette page. Sans être exhaustif, elle couvre une période s’étalant sur quelque quatre-vingts années de recherches en sciences du comportement. J’ai consulté près d’une centaine d’entre elles, qui font clairement apparaitre que les comportementalistes ont un rapport problématique aux enfants.

D’abord considérés comme de vulgaires sujets d’expérience à l’instar de petits animaux de laboratoire, ces derniers furent par la suite manipulés par diverses formes de conditionnement, dont le retrait d’attention ou « time-out ». En la lisant, gardez à l’esprit que pour ces chercheurs, tous les comportements humains sont le résultat de récompenses et de punitions. C’est très réducteur bien sûr, mais ils ne sortent pas de ce paradigme, même dans les études les plus récentes. Les plus anciennes reposent sur des dispositifs qui seraient aujourd’hui considérés comme contraires à l’éthique.

Leurs expériences sont rarement conformes aux critères méthodologiques permettant de produire des résultats fiables. Leurs interprétations sont critiquables, notamment parce qu’elles présentent un biais de confirmation problématique : on ne voit que ce que l’on veut voir, en l’occurrence la nature prétendument manipulatrice de l’enfant. Des artifices statistiques sont aussi utilisés pour pallier la variabilité et la petite taille des échantillons étudiés et améliorer ainsi artificiellement les résultats. Dans de nombreuses études censées démontrer la validité du « time-out », aucune comparaison avec des approches non-comportementales n’est faite, ce qui disqualifie la démarche sur un plan scientifique.

Quant à la nocivité du « time-out », les comportementalistes tournent autour du pot depuis des années. Ils admettent maintenant que la mesure peut effectivement être nocive si elle n’est pas mise en œuvre dans le strict respect des procédures qu’ils ont testées cliniquement, qu’elle peut agir comme déclencheur et réactiver des traumatismes existants. Dont acte. Mais quel parent retiendra toutes ces contorsions de langage avant d’appliquer à son enfant une mesure d’isolement ?

Pour faciliter votre accès aux informations de cet article très dense, et comme indiqué dans le préambule, vous pouvez accéder facilement aux vingt points abordés à partir du sommaire, voire commencer directement par les conclusions. Comme habituellement, toutes les références sont accessibles dans ses notes.

À la suite de sa publication, plusieurs internautes demandent le lien vers le premier article consacré au « crying-out » – une méthode d’extinction des pleurs qui fait encore recette dans le monde occidental. Vous trouverez donc à nouveau ce texte ci-dessous. On sait désormais que la synchronicité physiologique existant naturellement entre une mère et son bébé est affectée par cette procédure d’isolement. Cela impacte donc l’établissement du lien mère/enfant si important pour le processus d’attachement. De plus, aucune amélioration significative du sommeil des bébés n’a été objectivement mesurée après l’application d’un programme d’extinction des pleurs par l’isolement du nourrisson, contrairement à ce qu’avancent ses promoteurs.

Une étude allemande suggère que, dans d’autres cultures où les bébés dorment avec leurs parents, les troubles de sommeil sont quasiment inexistants. Ce qui implique que les troubles comportementaux liés au sommeil sont un problème typique du monde occidental industrialisé, enraciné dans l’histoire de nos pratiques éducatives. Le recours à l’extinction des pleurs serait donc fortement corrélé à l’héritage de croyances des parents.

Enfin, j’aimerais vous présenter l’ouvrage de l’Australien Robin Grille, un conférencier international, psychothérapeute et formateur. Ses articles et vidéos sur la parentalité et le développement de l’enfant ont été diffusés dans le monde entier. À l’initiative des éditions Le Hêtre Myriadis, son ouvrage Parenting for a Peaceful World est bientôt disponible en français.

Robin a toujours été fasciné par la manière dont nos diverses normes culturelles déterminent notre rapport au monde. À la fois psychologique, historique et anthropologique, son travail est animé par la conviction que l’avenir de l’humanité dépend en grande partie de la façon dont nous nous comportons collectivement avec nos enfants. Ses cours et séminaires s’appuient sur plus de trente années d’expérience clinique et sur des recherches neuropsychologiques de pointe. Ils ont aidé de nombreuses personnes à considérer l’éducation des enfants comme un processus de transformation et de développement personnel. Je suis honoré d’avoir été invité à écrire la préface de la traduction française de ce livre passionnant, diffusée ici avec l’autorisation des éditions Le Hêtre Myriadis auprès desquelles cet ouvrage peut être commandé. Robin Grille sera également l’une des quatre têtes d’affiche de la 47e conférence de l’International psychohistorical Association (IPhA, voir ci-dessous).

Ci-dessous, vous trouverez aussi les liens vers deux articles d’archives montrant, s'il était nécessaire, que la question de l’isolement de l’enfant et de ses répercussions en termes d’attachement est centrale dans la perspective de Regard conscient.

Avec mes pensées chaleureuses,
Marc-André Cotton

P.S. Si vous ne souhaitez plus recevoir cette newsletter, cliquez sur le lien de désinscription en fin de page.

Pour lire ma préface au livre de Robin Grille :

Parents porteurs de paix

Un faisceau de recherches montre aujourd’hui que la prime enfance n’est pas seulement une période sensible du développement physique et psychologique de l’être humain, mais aussi et peut-être surtout une phase au cours de laquelle devrait s’épanouir l’intelligence de nos émotions.

Pour consulter ma revue d’études en sciences du comportement :

Isolement de l’enfant : que disent (vraiment) les recherches sur le « time-out » ?

La question de l’efficacité, voire de la nocivité de cette mesure pour le développement psycho-affectif de l’enfant, ne cesse de faire débat. L’objectif du présent article est d’examiner concrètement les études dont cette discipline se réclame pour justifier le « time-out » et d’en préciser les bases théoriques et méthodologiques.

Pour accéder à l’article sur le « crying-out » :

Isolement de l’enfant : que nous dit la recherche ? (1/2)

Bien que la psychologie du développement soit formelle sur l’importance du lien entre les mères et leurs nourrissons pour le développement de leurs capacités cognitives et affectives, les méthodes d’extinction des pleurs par l’isolement de l’enfant font recette dans le monde occidental.

Pour une critique du point de vue psychanalytique sur le lien mère-enfant :

Le lien meurtri de l’attachement

L’enfant vit dans une continuité de conscience. C’est la perte de l’attachement qui l’en sépare durablement et l’enferme peu à peu dans la névrose.

Pour un article d’archives sur le séparatisme maternel :

Conscience et petite enfance

Humililées dans leur dimension de mères, les femmes ne réalisent pas le leurre que constitue un comportement maternel séparatiste promu par toutes les politiques de la petite enfance.