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Newsletter No 37 – Octobre 2022 Pour recevoir gratuitement les mises à jour du site Regard conscient,
Chères et chers ami·e·s, chères et chers abonné·e·s, Tandis que nous vivons encore les douceurs d’un bel été indien, j’ai le plaisir de vous communiquer quelques nouvelles de Regard conscient. La période estivale fut marquée par l’émouvante rencontre « Autour du Génie de l’être », une semaine organisée en résidentiel dans un cadre naturel des hauteurs du Bugey (Ain). Pour la seconde fois, ce fut l’occasion d’approfondir les outils de compréhension mis au jour par Sylvie Vermeulen, et synthétisés dans son livre-testament. Elle parlait de l’enfant comme d’un maître et je vous invite à retrouver l’esprit qui l’animait en consultant le premier texte présenté en bas de cette page.
Placée sous le signe de la répression de la diversité éducative, la rentrée scolaire française nous en a malheureusement offert nombre d’exemples. Partout en France, des initiatives citoyennes visant à promouvoir diverses alternatives à l’école républicaine sont muselées par le gouvernement au nom de la lutte contre le « séparatisme religieux » (Loi du 24 août 2021). Ainsi, le rectorat de Grenoble veut fermer une école démocratique autogérée qui fonctionne depuis un an, sans avoir examiné sérieusement le dossier. Parallèlement, les parents qui souhaitent instruire leurs enfants dans la famille sont désormais soumis à un régime d’autorisation et tributaires du bon vouloir administratif, comme le relève une récente tribune du Journal du Dimanche, signée par nos amies Daliborka Milovanovic et Chloé Oudin-Gasquet.
Les actualités européennes nous ont aussi offert le douloureux spectacle de remises en scènes collectives. Je pense au succès du parti Fratelli d’Italia aux élections du 25 septembre et à la probable nomination de Giorgia Meloni à la tête du gouvernement italien. Comme le Rassemblement national en France, le Fidesz de Viktor Orban en Hongrie et le parti Droit et Justice en Pologne, cette formation souverainiste prône une vision ultra-conservatrice de la société. De nombreux électeurs de la droite italienne sont captifs de l’héritage néofasciste du pays. Pour rappel, les ressorts de cette rhétorique populiste ont été mis au jour il y a près de quatre-vingt ans par les travaux de Theodor Adorno, montrant que l’autoritarisme politique découle directement d’une éducation punitive vécue dans la famille. Une autre illustration nous est fournie par la difficile transition britannique ayant suivi la démission de l’inénarrable Boris Johnson et la nomination – par moins de 1% de l’électorat du pays – de Liz Truss à la tête d’un nouveau gouvernement. Et que penser de la décision de quitter l’Union européenne, entrée en vigueur le 31 janvier 2020 ? Des études récentes suggèrent qu’elle a réduit les échanges commerciaux avec l’étranger et accru les pressions inflationnistes liées à la crise énergétique actuelle. Je vous invite à retrouver en bas de page un aspect ignoré du Brexit : le lien entre l’autoritarisme éducatif et l’euroscepticisme britannique. Là encore, le sens d’un tel rejouement réside sans doute dans la prise de conscience toujours plus fine de l’origine des traumatismes de l’enfance et de leurs conséquences pour l’ensemble de nos sociétés. À ce propos, mon collègue psychohistorien Nick Duffell travaille à faire connaître les conséquences psychologiques de l’éducation en internat, souvent réservée à une élite dans le monde anglosaxon. Une conséquence fâcheuse, hélas durable, réside dans les stratégies de survie que les rescapés des internats ont dû développer pour s’adapter à un environnement en rupture avec leur cercle familial : cécité émotionnelle, duplicité et mensonges « stratégiques », loyauté et esprit de corps… Ce qui nous permet de mieux comprendre pourquoi les décisions prises au plus haut niveau sont parfois si désastreuses ! Nick m’a autorisé à diffuser ce texte afin de sensibiliser le public francophone à cette problématique que l’on pourrait bien sûr étendre aux internats religieux, en Europe ou en Amérique du Nord, dont les abus commencent seulement à être dévoilés. Les avatars de la Pédagogie noire, dénoncée en son temps par Katarina Rutschky et Alice Miller dans le cadre de l’éducation allemande, sont donc toujours vivaces, comme en témoignent les récents développements de la guerre en Ukraine. J’ai cherché à comprendre l’impact sur la Russie contemporaine de la pédagogie soviétique qui a conditionné des millions d’enfants au respect de la morale bolchévique, marquée par le déni de soi et la subordination à l’intérêt collectif. Un ouvrage au titre évocateur – « I Want to Be Like Stalin ! » – m’y a aidé. On sait que Vladimir Poutine est un nostalgique de la période stalinienne et qu’il fait constamment référence à l’héroïsme de l’Armée rouge contre l’ennemi nazi. Tout cela nous parle d’un passé dramatique où se mélangent un contexte historique traumatisant, une idéologie éducative mortifiante et une détermination à en découdre avec les « ennemis » de la Russie – un cocktail explosif. Vous trouverez en bas de page un lien vers cette étude dont le magazine PEPS a publié une version écourtée. And finally, for our psychohistory friends, please find below the links to our recent issues of the International Psychohistorical Association (IPhA) Psychohistory News. Among other articles, the Spring 2022 issue features an extended review by Ken Fuchsman of the recent book “Russia, the U.S. and NATO from the Berlin Wall’s Fall to 2000”. A must read, considering the ongoing conflict. In the Summer 2022 issue, the same author examines two mass shootings and the childhood of their perpetrators, as well as the context of rise in mass violence in 21st century America. Avec mes plus chaleureuses pensées, P.S. Si vous ne souhaitez plus recevoir cette newsletter, cliquez sur le lien de désinscription en fin de page.
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